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jeudi 5 septembre 2013

Les hôpitaux

Quand on tombe malade en Chine, ce n'est pas exactement la même chose qu'en France. Ma coloc' est tombée malade, à cause de la clim (35°C dehors, 16°C dedans, il fallait que ça arrive à quelqu'un...). Elle lutta avec force courage contre l'invasion des microbes à grands coups de thé au jasmin (qui a un goût d'artichaut) et autres bouillons au miel, mais la maladie fut la plus forte. Quand elle n'eut plus la force de parler, elle eut le courage d'aller à l'hôpital. Nous sommes donc allées avec elle. Nous étions quatre. Nous voilà donc parties pour l'hôpital. Car en effet quand les Chinois sont malades, même pour une grippe, ils vont à l'hôpital, pas chez un médecin généraliste. Ma coloc' avait une note de XueYing (notre trésor) pour l'aider à s'orienter dans le bâtiment qui, soit dit en passant, est immense. Nous nous présentons à l'accueil, qui nous oriente vers les étages supérieurs, une deuxième note en main. Ladite note était d'ailleurs illisible, car les Chinois, comme nous autres, écrivent de manière cursive, c'est-à-dire en levant le moins possible leur stylo sur la feuille, comme nous autres, alors que nous autres étrangers apprenons à écrire comme les ordinateurs, de manière très claire, mais totalement artificielle. Nous nous promenions donc avec une feuille que nous n'arrivions pas à déchiffrer. Nous avions vraiment l'air d'étrangères. On cherche un peu, et on arrive à trouver le bon endroit pour notre malade. On regarde à droite à gauche, pour voir comment font les Chinois. Ils viennent regarder assez souvent sur une borne électronique un ticket qui semble leur indiquer combien de temps ils doivent encore attendre avant que le médecin les reçoive. Nous n'avions pas ce ticket. Totalement perdues, on allait demander à une infirmière de nous aider quand un Chinois nous aborde, alors qu'il devait être là pour accompagner quelqu'un lui aussi, et nous propose son aide. Il baragouine deux trois mots d'anglais, mais, mais ! nous avions Cyrielle avec nous, qui déchire tout en chinois, et qui a réussi à causer avec lui. Il nous remmène dans un comptoir à un étage inférieur et fait la queue avec nous. En fait, il fallait passer par là pour prendre rendez-vous ou quelque chose comme ça. Comme c'était la première qu'elle venait, ma coloc' a payé sa consultation et une carte médicale pour 10 yuan, soit environ un euros cinquante... Une fois le rendez-vous pris, notre ami Chinois continue de nous emmener vers l'endroit où se trouve le médecin. Il nous explique qu'il a choisi un ORL au cas où son problème de mal de gorge viendrait d'autre part, ou au cas où il y aurait des problèmes autre part (nez, bronches, ce genre de choses). Il nous explique également qu'il est militaire et qu'il va bientôt repartir pour Pékin. Enfin, il "nous" explique grâce à Cyrielle. Rendons à César ce qui est à César. Nous revenons donc à un point médical semblable à celui où nous avions rencontré le militaire. Il attend avec nous pour aider ma coloc' pendant la consultation. Nous passons avec bonheur le petit papier qu'on nous avait donné à la réception, comme les Chinois, pour voir quand est-ce que ce sera le tour de ma coloc'. Une personne. On s’assoit pour attendre. On regarde autour de nous, et on essaie de comprendre ce que dit la voix dans le haut-parleur. La réponse arrive rapidement car ladite voix se met tout à coup à épeler quelque chose en anglais. On regarde sur un écran posé sur le mur et on voit les prénoms de ma coloc' affichés. La voix est en train d'épeler son nom car elle ne sait pas comment le prononcer, et depuis un moment, elle appelait les patients dont c'était le tour ! On critique parfois la Chine sur sa modernité, mais là, sincèrement, c'était vraiment bien organisé ! Bien sûr, seule ma coloc' et son interprète du jour, le militaire, vont voir le médecin. En ressortant, elle nous dit qu'elle a trois injections à faire (une par jour), un spray à pulvériser et un régime à suivre : pas de viande, beaucoup d'eau, de l'eau chaude surtout, pas mal de fruits et légumes. Eh oui, en Chine, on ne prescrit pas de médicaments, du moins pas beaucoup, on soigne beaucoup par injections. C'est comme ça. Le militaire nous dit que dans cet hôpital, les injections sont chères, mais que si on va à l'hôpital universitaire, elles seront moins chères. Nous avions d'autres choses à faire, donc on laisse l'hôpital en suspens, en se disant qu'on irait à l'hôpital universitaire pour faire des économies. Mais lorsque nous avons cherché cet hôpital, impossible de le trouver. Retour donc au premier. Mais la même question se pose encore : où aller pour faire les injections ? On s'égare un peu, et on tombe sur une infirmière très gentille qui nous emmène jusqu'au bon comptoir, à l'autre bout de l'hôpital, bien évidemment... On arrive dans une salle avec beaucoup de fauteuils et des gens qui suivent leur traitement. Là, on s'occupe de ma coloc', qui va d'un comptoir à un autre sans qu'on comprenne trop pourquoi. En fait, ils lui font une piqure pour voir si elle est allergique au traitement, et après mettent le traitement en route. Elle se promène donc un petit moment avant de commencer pour de bon son traitement. Quand on est sûres que tout va bien, on s'en va car une fois l'injection commencée, il n'y a plus qu'à attendre. Deux heures. Trois jours de suite. Elle nous raconte l'effarement des Chinois quand ils la voient à l'hôpital, dont une qui la prend en photo. Une blanche qui se fait piquer, c'est pas commun en Chine !

De tout ça résulte quand même une organisation à toute épreuve : à l'hôpital comme aux urgences, pas de gens qui courent, pas de queues interminables, pas de médecin "généraliste" qui connaît peu tout en général mais rien en particulier. Certes les injections ont effectivement coûté cher, quelques 400 yuan, mais en France, entre le généraliste et le prix des médicaments, je ne sais pas si on approche pas ce prix... Il faut aussi compter sur les personnes qui nous ont aidé durant cette aventure : le militaire, l'infirmière, et tous ceux à qui ont a demandé notre chemin en route. Le bâtiment est juste immense ; il y a cinq étages qui s'étalent sur presque tout un pâté de maison. C'est simple, d'un bout à l'autre, il y avait bien cinq minutes de marche, avec des halls plus impressionnants les uns que les autres. Finalement, pour nous, c'était un peu compliqué, mais pour les Chinois, c'est mille fois plus simple comme ça parce que tout est au même endroit, il n'y a pas à faire cinquante kilomètres entre chaque spécialiste. On a tous remercié ma coloc' pour le coup, car maintenant, la prochaine fois que l'un d'entre nous tombera malade, on saura où aller.

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