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vendredi 20 septembre 2013

La politesse

Je suis allée me promener hier soir dans le parc d'à côté pour la fête de la mi-automne. On a acheté des gâteaux de lune, et on a été regarder la lune (qui était tellement brillante qu'on voyait presque comme en plein jour) en mangeant nos gâteaux de lune. C'était bien chinois. La politesse des Chinois, ça fait un moment que je m'interroge. Les Français sont réputés, ou bien est-ce un cliché, pour leur très grande politesse. Si on voulait les caricaturer, on ferait jouer cette petite scène du "après vous" que tout le monde connaît... Les Français perdent trois quart d'heures à décider qui va passer le premier. Les Chinois fonctionnent autrement. A l'occasion de la fête de la mi-automne, la plupart des Chinois, voire même tous, se réunissent entre amis ou en famille pour manger lesdits gâteaux de lune, et les jeunes passent la nuit à la belle étoile pour profiter de ce clair de lune si puissant. Ils jouent aux cartes, se racontent des histoires qui font peur... Je l'ai déjà dit à l'occasion de mon sujet sur les déplacements : les Chinois préfèrent les apparences. Dans une certaine mesure, les Français aussi. Quand on est Français, il faut être bien habillé, il faut savoir se tenir, être propre, avoir une maison bien rangée. Les gens nous jugent constamment sur ce qu'on fait, ce qu'on ne fait pas, sur notre manière de les faire. Les Chinois sont beaucoup plus détendus sur ce point-là.
Bien s'habiller est une notion toute relative pour les Chinois. Leur sens de la mode est, évidemment, bien loin de celui des Français, et comme j'en ai l'habitude maintenant, je vois bien qu'ils préfèrent les choses "mignonnes" aux choses "belles". Les Français mettent deux distinctions claires entre ces deux mots : le mignon, c'est pour les enfants, le beau, c'est pour les adultes. Ça n'est pas le cas en Chine. Il est clair qu'une fille qui adopte le style "mignon" fera plus enfantine qu'une fille qui ne l'adopte pas, mais ça n'est pas pour ça qu'on la décrédibilise socialement. Qui penserait qu'une fille qui a un sac à dos Winnie l'ourson peut être en train de préparer un master en philosophie ? En France, on suppose qu'elle a un retard. En Chine, c'est possible.
Bien se comporter est également tout relatif. Les gens crachent, regardent fixement les étrangers comme des bêtes de foire, font du bruit en mangeant leurs nouilles, grugent dans les files d'attente, bousculent sans ménagement les gens qui sont sur leur passage, et d'ailleurs, le passage, ils ne le laissent pas. Enfin bref, les Chinois se comportent comme des enfants français mal éduqués. Mais.
J'ai peu eu l'occasion de voir de maisons chinoises. J'ai entraperçu quelques appartements car les Chinois laissent parfois leur porte ouverte sur le pallier. C'était pas toujours très beau à voir.Vraiment pas beau du tout....
Mais malgré toutes ces choses que les Français trouvent dégoûtante ou impolie, moi, je préfère la façon de faire des Chinois. Ils ne perdent pas vingt minutes à bisouter toute leur classe, en entrant et en sortant de cours. Le passage doit se négocier dans le métro, mais ça avance beaucoup beaucoup plus vite aux heures de pointe qu'en France, tant et si bien que même s'il n'y a qu'un escalator, on y monte beaucoup plus vite qu'en France. On circule mieux. C'est beaucoup moins stressant parce qu'on sait que si on est pressé, on peut bousculer. Pas besoin de se retenir, de se contenir, de se forcer : faire du bruit en mangeant, c'est normal (même s'ils ont encore du mal à voir un étranger faire du bruit en mangeant). Qui n'a jamais eu envie de gruger la file pour demander un renseignement, un truc qui prend deux secondes mais que si jamais tu le fais, toute la file te regarde avec des yeux noirs et il y a toujours une petite mémé pour sortir du rang pour te rappeler d'y rentrer ? 
Les Chinois sont polis, ils ne faut pas en douter. Quand on leur rend un service, ils savent remercier. Ils ne se disputent pas pour payer l'addition au restaurant et se flattent d'inviter leurs amis, qui savent accepter d'être inviter (je vous avoue que c'est très difficile pour un étranger d'accepter d'être invitée comme ça). Je ne vous cite pas l'exemple de XueYing, je vous renvoie à l'article "Le voyage", mais vous rappelle si vous l'avez oublié qu'elle nous a plus qu'aidé à nous installer, mais je vous cite celui du militaire et de l'infirmière à l'hôpital. L'autre jour, nous accueillons une amie qui attendait de signer son bail ; il fallait monter sa valise de 40kg dans six étages. Je commence, seule à la monter de quelques marches quand un voisin arrive dans l'immeuble ; sans rien demander, il commence à m'aider à porter la valise, et ce jusqu'au sixième étage. Il y a aussi ma propriétaire qui a fait mon lit et celui de ma coloc' et qui m'a porté ma valise, seule, dans les six étages qui mènent à notre appartement... Il doit y avoir d'autres exemples, mais je vous avoue que j'ai du oublier... A bien comparer, dans toutes ces situations, en France, qui nous aurait aidé ? Dans l'escalier, le voisin serait passé bien lâchement, en nous maudissant de prendre toute la place avec notre valise.
La politesse des Chinois est plus relative, mais elle est plus sincère. Ils savent que pour sortir du métro avant la fermeture des portes, il faut être rapide, et donc jouer des coudes : logique, de bousculer les gens ! Ils savent que si eux-mêmes sont perdus, ou s'ils n'arrivent pas à faire quelque chose eux-mêmes, ils seront contents d'avoir quelqu'un pour les aider, alors ils aident les autres ! Moi qu'on traite parfois de malpolie ou d’asociale en France me voici devenue trop polie en Chine ! L'autre jour, nous disions merci à la serveuse qui nous donnait nos plats au restaurant et elle nous répond en riant que ce n'est vraiment pas la peine de dire merci pour ça ! La dame qui m'a aidé dans l'avion ne voulait pas de remerciement non plus, elle considérait que c'était normal ce qu'elle avait fait. Voilà, la politesse des Chinois est plus simple mais elle est plus vraie. Je me sens mieux ici, j'ai l'impression de moins déranger, et qu'au moindre soucis, je trouverai bien quelqu'un pour m'aider. En France, avant de demander ton chemin, tu réfléchis bien.

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