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jeudi 29 août 2013

Les Chinois

La première chose qui nous frappe, à cette époque de l'année, bien sûr, c'est la chaleur. L'aéroport est climatisé, bien sûr, mais pas dans le hall. Ou du moins, pas suffisamment à notre goût. Je ne peux pas donner de chiffre, mais nous étions tous en sueur. Les pantalons et les pulls, on a vite compris qu'ils ne sortiraient pas du placard avant un moment. Première tentative de communication avec les Chinois : comment prendre le bus jusqu'au centre-ville ? Avec des signes, un peu de patience, nous nous en sortons. Mais dès le hall, il fallait bien avouer qu'on nous dévisageait. Les gens tordent le cou pour nous voir, nous étudier. Certains tournent la tête une fois, puis une deuxième fois, puis une troisième fois pour être bien sûrs de ce qu'ils ont vu. Nous, les Chinois, on connaît leur tête, pas de quoi s'extasier. C'est le début de la confrontation physique des Occidentaux et des Asiatiques. Nous sommes cinq, ils sont huit millions. Mélanie est la moins bien dotée, elle est blonde aux yeux bleus. Pas de chance. Où qu'on aille, ils nous surveillent : bus, puis métro avec XueYing, une amie chinoise dont la valeur est inestimable, resto, supermarché... Partout, partout, les gens se retournent, nous regardent, nous observent, s'interrogent, montrent à leurs enfants, ces derniers se cachent dans les jupes de leurs mères, ou nous montrent du doigt. Rien de tout ça n'est vu comme une impolitesse, aussi,  nous laissons faire. De toute façon, nous savons bien que c'est de la curiosité, pas du voyeurisme. XueYing nous emmène aux appartements qu'elle nous a trouvé. Elle nous aide à faire nos papiers au commissariat, elle nous guide dans le choix des menus aux restaurants, elle nous emmène prendre notre connexion internet, notre forfait de téléphone portable, elle nous défend lorsque l'installateur veut mettre un débit en-dessous de ce que nous avons payé, elle négocie le paiement du loyer avec les propriétaires, elle nous accompagne au supermarché... Quand on parle des trésors de l'Orient, est-ce qu'on parle vraiment d'émeraude et de jade ?

mercredi 28 août 2013

Le voyage

Il a bien fallut voyager pour arriver. C'était long et fatiguant. J'ai laissé mon père, seul, à 6h du matin sur le quai de la gare, et je suis partie, seule, pour l'aéroport, à Paris. Je me suis dit qu'il fallait être courageuse pour partir seule comme ça. Mais ça ne m'a pas fait peur.
Le premier choc avec les Chinois, ça a été dans l'avion. Je me suis retrouvée toute seule au milieu d'un îlot de Chinois. C'était très impressionnant. Les premières fois que j'ai pris l'avion, c'était avec des Français, et c'était comme vous devez en avoir l'habitude : silencieux, policé. Les Chinois étaient sûrement en voyage organisé. Ils ont commencé à s'installer, mais de façon très bruyante, et en même temps, très conviviale. Ils se placent, et puis ils cherchent quelqu'un avec qui échanger pour être à côté de la personne avec qui ils voulaient être. Du coup c'étaient de grandes conversations, des gens s'interpellent dans l'avion comme dans un marché, qui échangent leurs places, et puis qui reéchangent encore et encore jusqu'à trouver la combinaison parfaite... Pour ma part, j'étais à côté du hublot. Une petite Chinoise d'une vingtaine d'année peut-être arrive, et semble chercher quelqu'un. Elle revient quelques minutes après avec une amie qui me demande, en anglais, si je veux changer de place. Elles étaient tellement mignonnes... je n'ai pas pu dire non, j'ai échangé. Je n'ai pas regretté ce choix. Je me suis retrouvée au milieu de l'avion, près de l'allée centrale, complètement encerclée par des Chinois. Les Français avec qui je voyageais étaient à l'avant de l'avion, assez loin. J'étais totalement immergée. Je me suis sentie un peu idiote, la bouche ouverte, à les regarder aller et venir.. A peine est-ce que j'avais changé de place que le garçon qui était à une place de moi me dit "Nice to meet you", le sourire au lèvres. Ca m'a fait très étrange, surtout vu la réputation en langue étrangère que les Chinois ont... De tout ce charabia j'ai retenu une vraie convivialité entre les Chinois. Lors de précédents voyages organisés, avec des Français, même au bout de deux semaines, il pouvait toujours y avoir la gueguerre du "excusez-moi, c'était ma place" dans le bus... En comparaison, je nous ai trouvés coincés et finalement assez vulgaires. Ils étaient conviviaux, spontanés, quand nous étions distants et méfiants les uns des autres. Une assez belle leçon d'humilité.
Ma voisine, une femme d'une quarantaine d'année, m'a aidé à remplir le document officiel d'arrivée en Chine, qu'il faut donner à la douane avec le passeport. L'une des informations demandées était l'adresse. Première question : celle de la fac ou celle de mon domicile ? Dans les deux cas, je n'en n'avais pas, d'où la deuxième question : qu'est-ce que je mets ? La dame s'est démenée pour moi : elle a demandé aux hôtesses ce qu'il fallait que je mette, si elles pouvaient m'aider... Finalement, l'adresse de la fac suffisait. Mais où se la procurer ? Pas de soucis, elle a envoyé le garçon du "Nice to meet you" de chercher quelqu'un qui la connaissait... En gros, le garçon est parti demander à toutes les personnes chinoises de l'avion si elles ne connaissaient pas l'adresse de la faculté de Nankin. Et il a trouvé. Et j'ai eu mon adresse. C'était assez impressionnant.
La dame n'a pas voulu que je la remercie plus que ça, comme si c'était normal d'aider quelqu'un comme ça, un étranger dans l'avion à avoir ses papiers, à l'aider en chinois... Je ne pense pas qu'un Français aurait fait la même chose.

De toute cette histoire il est ressorti un très bon contact avec les Chinois, pour une première, ce n'était pas mal, mais la suite de mes aventures m'a appris à faire la différence entre ceux qui connaissent les étrangers et ceux qui ne les connaissent pas.

Introduction

Je suis étudiante, et cette année, je réalise une sorte de rêve de gosse : je pars en Chine. Communiquer n'y est pas toujours facile, aussi me suis-je dit qu'un blog était le meilleur moyen de donner des nouvelles rapidement et à tout le monde en même temps. C'est également l'occasion de faire partager mon expérience de ce pays qui nous semble si mystérieux, à nous les Français, et qui nous impressionne tant.
Pour le moment, je ne vois pas ce blog comme un journal strict de toutes mes activités, pour cela, je vous renvoie au blog de deux expat' comme moi, Mélanie et Alicia : leur super blog. Elles ont commencé à raconter dans les détails notre aventure sur le chemin de Nankin (nous avons pris l'avion ensemble) et donnent des détails de la vie de tous les jours. J'aimerais, quant à moi, me pencher davantage sur la confrontation culturelle de nos deux pays, la France et la Chine, ou du moins dans le sens Français-Chinois. Je leur laisse donc la lourde tâche de prendre et de poster de nombreuses photos et d'ajouter les petits détails piquants de la vie de tous les jours que j'oublierai sûrement de préciser.

Ainsi donc, ce blog sera l'histoire d'une petite Française de base, voire même plutôt campagnarde, qui se retrouve dans une ville de douze millions de Chinois. Dépaysement oblige.